Qu’est-ce que la cartographie des flux logistiques ?

Qu’est-ce que la cartographie des flux logistiques

La cartographie des flux logistiques est un outil visuel qui permet de représenter, comprendre et optimiser tous les mouvements liés à la logistique d’une entreprise : circulation des matières premières, des produits finis, des informations et même des flux financiers.

Concrètement, cartographier ses flux consiste à dessiner le parcours des marchandises, des données et des documents, depuis le fournisseur jusqu’au client final, en passant par l’usine, l’entrepôt, le transport ou les retours.

C’est un véritable GPS de la chaîne logistique :

  1. On visualise où circulent les produits
  2. On constate où ça bloque, où ça coûte trop cher
  3. On identifie les axes d’amélioration.

Elle concerne autant les PME, les industriels, les e-commerces, que les groupes internationaux.

Sommaire

Pourquoi cartographier ses flux logistiques ?

La cartographie n’est pas seulement un document “joli”, c’est un outil stratégique de pilotage. Elle permet de :

1. Visualiser l’ensemble des flux

  • Où entrent les matières premières ?
  • Où se situent les zones de stockage ?
  • Quels trajets réalisent les produits entre chaque acteur (fournisseur → usine → entrepôt → client) ?

2. Identifier les dysfonctionnements

  • Allers-retours inutiles dans l’entrepôt
  • Zones de rupture d’approvisionnement
  • Perte de temps entre production et expédition
  • Mauvaise circulation d’informations (commandes, stocks, transport).

3. Optimiser les coûts, les délais et les stocks

  • Réduction des kilomètres parcourus (transport interne/externe)
  • Meilleure gestion des stocks et des ruptures
  • Diminution des gaspillages (méthode Lean / 5M / Muda).

4. Améliorer la coordination entre services

  • Achat – production – logistique – transport – service client
  • Plus de visibilité et moins de silos.

Les différents types de flux logistiques à cartographier

Lorsque l’on parle de flux logistiques, il ne s’agit pas seulement de flux physiques. Trois types de flux doivent être analysés :

1. Flux physiques

Déplacements concrets des produits ou matières :

  • Matières premières → réception
  • Produits semi-finis → fabrication
  • Produits finis → stockage, préparation de commande, expédition
  • Retours clients (reverse logistics).

2. Flux d’informations

Flux immatériels qui accompagnent les produits :

  • Commandes clients, bons de livraison, factures
  • Échange de données informatisées (EDI)
  • Systèmes WMS (entrepôt), ERP (gestion globale), TMS (transport).

3. Flux financiers

  • Paiements fournisseurs
  • Facturation clients
  • Gestion des tarifs, incoterms, taxes douanières
  • Délais de paiement.

📌 Un flux physique peut être parfaitement optimisé, mais s’il n’est pas aligné avec le flux d’information (ex : commande non transmise à l’entrepôt) → blocage assuré.

Comment réaliser une cartographie des flux logistiques ? (Méthode en 6 étapes)

Mettre en place une cartographie n’est pas compliqué si l’on suit un processus structuré. Voici une méthode simple, réaliste et applicable dans n’importe quelle entreprise — e-commerce, industrie, logistique ou distribution.

Étape 1 : Définir le périmètre à analyser

Avant de tracer quoi que ce soit, il faut répondre à une question essentielle :

Quel flux je veux analyser ?

Exemples de périmètres possibles :

  • Flux fournisseurs → entrepôt
  • Flux usine → clients
  • Flux commande e-commerce → expédition
  • Flux retour client (reverse logistics)
  • Flux interne dans un entrepôt (réception → stockage → picking → expédition).

Étape 2 : Identifier les acteurs et les points de passage clés

Qui intervient dans ce flux ?

  • Fournisseur → transporteur → réception → magasinier…
  • Production → contrôle qualité → stockage → expédition…
  • Client → plateforme e-commerce → système ERP → entrepôt → transporteur…

À ce stade, on place les étapes dans l’ordre chronologique, du point A au point Z.

Étape 3 : Collecter les données du flux

Une cartographie utile est une cartographie réaliste, basée sur des données terrain.

Données à collecter :

  • Temps de traitement à chaque étape
  • Distances parcourues (ex : 2 km/jour par chariot dans l’entrepôt)
  • Fréquence des transports (ex : 3 camions/ jour)
  • Documents échangés (BL, facture, commande, étiquettes…)
  • Logiciels utilisés (Excel, ERP, WMS, TMS…)
  • Erreurs, ruptures, attentes, doublons.

💡 Cette collecte peut se faire par observation terrain, interviews, export de données ERP, chronométrage Lean (VSM).

Étape 4 : Représenter les flux (dessiner la carte)

Il existe plusieurs façons de représenter les flux :

  • Diagramme de flux logistique (flowchart) : simple, idéal pour les flux d’expédition.
  • VSM (Value Stream Mapping) : méthode Lean, montre temps de cycle, stock, temps d’attente.
  • SIPOC (Supplier – Input – Process – Output – Customer) : excellent pour clarifier les interactions.
  • Schéma physique de l’entrepôt : utile pour visualiser les déplacements.

Une bonne cartographie doit montrer clairement :

  • Les entrées et sorties de flux
  • Les étapes successives
  • Les acteurs, systèmes et documents
  • Les ruptures ou pertes de temps potentielles.

Étape 5 : Identifier les problèmes et gaspillages

Une fois la carte dessinée, on analyse :

  • Où sont les temps morts ?
  • Où se produisent les ruptures de stock ou d’information ?
  • Où y a-t-il du transport inutile ?
  • Où le flux retourne en arrière (erreurs, rebuts) ?
  • Où y a-t-il trop d’étapes, trop de papier ou trop de saisies manuelles ?

On peut alors appliquer la logique Lean et 3M (Muda – déchets, Muri – surcharge, Mura – irrégularité).

Étape 6 : Proposer des actions d’amélioration

  • Après identification des problèmes, on construit un plan d’action :
  • Réduire les déplacements d’un opérateur → revoir l’implantation des zones.
  • Automatiser certaines tâches (ex : étiquetage, préparation panier).
  • Digitaliser les échanges d’informations (ERP, WMS, TMS).
  • Limiter les ruptures via un meilleur pilotage des stocks.
  • Former les équipes + clarifier les procédures.

 

📌 La cartographie ne doit pas rester figée : elle évolue avec l’entreprise.

Quels outils utiliser pour cartographier les flux logistiques ?

Il existe plusieurs méthodes et outils pour représenter visuellement les flux logistiques — certains très simples, d’autres utilisés par les experts Lean, supply chain ou qualité. Le bon choix dépend du niveau de détail recherché, du public visé (opérationnel, direction, consultant…) et de l’objectif (diagnostic, optimisation, automatisation…).

Les outils de représentation les plus utilisés

✔ Diagramme de flux (Flow Chart)

  • C’est l’outil le plus simple et universel.
  • On y représente les étapes du flux sous forme de blocs reliés par des flèches : réception → stockage → picking → préparation → expédition.
  • Idéal pour expliquer un flux à un client, une équipe ou en réunion.

✔ VSM – Value Stream Mapping (Cartographie de la chaîne de valeur)

  • Méthode issue du Lean Management (Toyota).
  • Elle permet de visualiser à la fois les flux physiques et les flux d’informations.
  • Elle donne aussi des données clés : temps de cycle (cycle time), temps d’attente, stock entre postes, taux de valeur ajoutée…
  • Excellent outil pour détecter les gaspillages (Muda) et faire un diagnostic logistique précis.

✔ SIPOC (Supplier – Input – Process – Output – Customer)

  • Format très utilisé dans le Lean Six Sigma et la qualité.
  • Il permet de structurer un flux en 5 colonnes :
  • Fournisseur → Ce qu’il fournit (input) → Processus → Ce qui en sort (output) → Client final.
  • Idéal pour avoir une vue claire et synthétique d’un processus logistique.

✔ BPMN (Business Process Model & Notation)

  • Langage de modélisation standard (utilisé en supply chain, gestion de projet, informatique).
  • Permet de représenter les processus complexes avec plusieurs acteurs (ex : client, ERP, service logistique, transporteur).
  • Utile pour aligner les équipes IT, logistique et management.

Les logiciels pour cartographier les flux

Tu peux cartographier tes flux avec des outils de cartographies simples ou avancés :

  • Microsoft Visio, Lucidchart, Draw.io → pour dessiner des schémas clairs.
  • Miro / FigJam / PowerPoint → pour collaborer en équipe et créer des cartes visuelles.
  • Excel / Google Sheets → étonnamment efficaces pour les flux simples avec chronologie ou checklist.
  • Outils Lean / qualité (LeanIX, Kaizen Software…)
  • ERP / WMS / TMS → certains logiciels logistiques génèrent automatiquement des flux (ex : SAP, Generix, Reflex, Sage X3).
  • Logiciels de simulation ou Digital Twin (jumeau numérique) → Siemens Tecnomatix, AnyLogic, Dassault Delmia… permettent de simuler les flux logistiques en 3D.

Les nouvelles technologies qui révolutionnent la cartographie

  • IoT (Internet of Things) : capteurs sur palettes, machines, véhicules → collecte de données en temps réel.
  • RFID et traçabilité automatique : permet de suivre un produit dans toute la chaîne logistique sans intervention humaine.
  • IA & Machine Learning : détectent les ruptures, anticipent les blocages ou optimisent les trajets internes.
  • Digital Twin (jumeau numérique) : réplique virtuelle d’un entrepôt ou d’une usine pour visualiser et tester des améliorations.

Exemple concret de cartographie des flux logistiques (cas e-commerce)

Pour rendre le concept plus concret, prenons l’exemple d’un site e-commerce qui vend des produits physiquement stockés dans un entrepôt.

Flux étudié : de la commande client jusqu’à la livraison

1. Commande passée sur le site

  • Le client valide son panier.
  • Le système e-commerce transmet l’information à l’ERP ou au WMS.
  • Le stock est automatiquement réservé.

2. Préparation de commande (picking)

  • L’opérateur reçoit un bon de préparation (papier ou terminal mobile).
  • Il se déplace dans l’entrepôt pour récupérer les produits.
  • Les articles sont amenés en zone de packing.

3. Emballage & contrôle qualité

  • Choix du carton ou de l’enveloppe.
  • Ajout de calage (papier, bulles, mousse).
  • Ruban adhésif, étiquette transport, facture / BL.

4. Expédition

  • Tri par transporteur (ex : Colissimo, UPS, DHL).
  • Scan du colis, remise au transporteur, envoi du numéro de suivi au client.

5. Livraison & flux retours éventuels

  • Livraison au client final.
  • Si retour produit : formulaire → étiquette → renvoi → contrôle réception.

Où apparaissent les problèmes dans ce flux ?

Une fois cartographié, ce flux permet d’identifier :

  • Des déplacements trop longs lors du picking
  • Des zones de congestion en packing
  • Des erreurs d’étiquetage ou de documents
  • Des ruptures de stock mal synchronisées avec le site web
  • Des retours clients non intégrés au système ERP
  • Et parfois… trop de temps passé à chercher les bons formats de cartons ou rubans !

Et après, que peut-on optimiser grâce à la cartographie ?

  • Implantation des rayons → moins de déplacements.
  • Automatisation des étiquettes & documents → moins d’erreurs.
  • Standardisation des emballages → gain de temps / moins de coût.
  • Mise en place de rubans adhésifs adaptés → plus de sécurité, moins de retours.
  • Digitalisation des flux d’informations → meilleure coordination entre site e-commerce, ERP, stock, transporteur.

Quels sont les bénéfices d’une cartographie logistique bien réalisée ?

Réduction des coûts logistiques

  • Moins de transport inutile
  • Optimisation des stocks
  • Réduction des emballages mal utilisés
  • Moins d’erreurs → moins de SAV.

Gain de temps et de productivité

  • Parcours optimisé dans l’entrepôt
  • Meilleure organisation de la préparation de commandes
  • Moins de ressaisies manuelles.

Meilleure qualité de service client

  • Moins de retards
  • Moins de colis abîmés ou incomplets
  • Amélioration de l’expérience de livraison.

Meilleure communication interne

  • Supply chain, achats, production, commercial et logistique parlent le même langage visuel
  • Moins de malentendus, plus de performance commune.

Les erreurs à éviter dans une cartographie des flux

  • Faire une carte trop théorique (sans réalité terrain)
  • Oublier les flux d’informations (commandes, mails, données ERP)
  • Ne pas impliquer les opérateurs et magasiniers
  • Ne pas mettre à jour la cartographie → elle devient inutile
  • Cartographier trop large d’un coup (mieux vaut un flux précis, mais complet).

Conclusion

La cartographie des flux logistiques est bien plus qu’un schéma : c’est un outil stratégique pour comprendre, piloter et optimiser la chaîne logistique. Elle permet de visualiser clairement chaque mouvement de produit et d’information, d’identifier les dysfonctionnements et de créer un plan d’amélioration concret.

Dans un contexte où les entreprises doivent livrer plus vite, à moindre coût, tout en respectant l’écologie et la loi (comme AGEC), la cartographie devient un levier essentiel de compétitivité, aussi bien pour les PME que pour les grands groupes.

👉 En la maîtrisant, une entreprise gagne :

  • du temps,
  • de la fiabilité,
  • de la rentabilité,
  • et un meilleur service client.

FAQ – Les questions les plus posées sur la cartographie des flux logistiques

Qu’est-ce qu’un flux logistique ?

Un flux logistique correspond au déplacement des produits, des informations ou des ressources financières entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement : fournisseur, entrepôt, transporteur, client, etc.

Qu’est-ce que la cartographie des flux logistiques ?

C’est une représentation visuelle qui permet de montrer comment circulent les marchandises, les informations et les documents dans une entreprise. Elle sert à analyser, comprendre et améliorer ces flux.

Pourquoi cartographier ses flux logistiques ?

Pour identifier les pertes de temps, les trajets inutiles, les ruptures d’information, les erreurs d’approvisionnement… et ainsi améliorer l’efficacité, réduire les coûts et fluidifier les opérations.

Comment faire une cartographie logistique ?

En 6 étapes : définir le périmètre → identifier les acteurs → collecter les données → représenter le flux → repérer les problèmes → proposer des optimisations.

Quels outils utiliser ?

Flowchart, Value Stream Mapping (VSM), SIPOC, BPMN, Visio, Lucidchart, Excel, ERP/WMS, et de plus en plus l’IA, le Digital Twin et la RFID.

Quelle différence entre VSM et cartographie des flux ?

La cartographie montre simplement les étapes du flux.

Le VSM (Value Stream Mapping) va plus loin : il ajoute les temps de cycle, stocks, attentes, gaspillages → c’est un outil Lean.

À quelle fréquence faut-il mettre à jour la cartographie ?

À chaque changement important : nouveau fournisseur, nouveau process, réorganisation d’entrepôt, changement de transporteur, automatisation. Sinon au minimum 1 fois par an.

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