Comment choisir ses chaussures de sécurité ?
- Temps de lecture : 10 minutes
- Hygiène & Sécurité

Les chaussures de sécurité sont des équipements obligatoires dans de nombreuses professions pour protéger les travailleurs des risques physiques liés à leur environnement de travail. Avec une offre de plus en plus diversifiée, choisir le bon modèle peut s’avérer complexe et se tromper peut avoir de graves conséquences (accidents, fatigue, mal au dos ou aux genoux, etc…).
Cet article vous guide à travers les différents critères essentiels à prendre en compte pour faire le bon choix de chaussures de travail, tout en respectant les normes de sécurité en vigueur.
Préambule
L’employeur doit fournir des équipements de sécurité adaptés à la tâche à accomplir par le salarié pour le protéger des risques. C’est notamment le cas des chaussures de sécurité. Elles ont pour but de protéger l’employé d’une éventuelle chute d’objet, d’une perforation, des coups, de la chaleur ou du froid, de l’eau ou de l’humidité, des glissades, des produits chimiques, etc…
Pour rappel, 25% des arrêts de travail en France en 2022 concernaient un problème lié aux pieds, jambes ou genoux et 20% des accidents de travail concernaient des chutes du salarié (majoritairement de plain-pied). Si l’on rajoute l’amélioration de la lutte contre les TMS depuis quelques années, on se rend bien compte de l’importance du choix des chaussures de sécurité.
Les chaussures de sécurité, un EPI et donc une obligation légale extrêmement importante !
Voici quelques rappels règlementaires en la matière :
- Le chef d’établissement doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs.
- l’art L. 230-2 du Code du travail indique qu’il appartient à l’employeur d’évaluer les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs.
- À l’issue de cette évaluation, l’employeur prend les mesures de prévention et de sécurité qui s’imposent. Si nécessaire, des EPI adaptés sont mis à la disposition des salariés et l’employeur veille à leur utilisation effective.
- Il doit faire bénéficier les travailleurs qui doivent utiliser un EPI d’une formation adéquate.
- Les EPI doivent faire l’objet de « vérifications annuelles ». Elles font l’objet d’une consignation dans le registre de sécurité.
- L’EPI doit être adapté, confortable et compatible avec le port éventuel d’autres EPI.
La responsabilité pénale de l’employeur est régie tant par le Code du travail que par le code pénal.
Les délits en matière de santé et sécurité au travail sont essentiellement définis par les articles L.4741-1 et suivants du Code du travail.
Pour ces infractions, c’est la faute personnelle de l’employeur ou de son délégataire qui doit être établie. En effet, et aux termes d’une jurisprudence ancienne et constante de la Cour de cassation, il appartient au chef d’entreprise de « veiller personnellement » à la stricte application des prescriptions légales ou réglementaires destinées à assurer la sécurité des travailleurs.
Qu’il soit personnellement auteur de l’infraction ou que le manquement à la réglementation soit le fait d’un de ses salariés, la responsabilité pénale pèse donc uniquement sur l’employeur, sauf délégation de pouvoir à un préposé désigné par lui et pourvu de la compétence et de l’autorité nécessaires pour veiller efficacement à l’observation des règles en vigueur.
Contrairement aux infractions en matière d’hygiène, pour les délits non intentionnels prévus notamment par les articles 221-6, 222-19, 222-20 du code pénal relatifs à des atteintes à l’intégrité physique ou psychique d’autrui, la responsabilité pénale peut être engagée à l’encontre de tout individu ayant personnellement contribué au dommage causé par sa négligence ou son imprudence.
Qu’est-ce qu’une chaussure de sécurité ?
Tout d’abord, il est important de préciser ce qu’est une chaussure de sécurité par rapport à une autre chaussures.
Toutes les chaussures de sécurité mises en circulation sur le marché européen doivent respecter la Norme Chaussures de sécurité EN ISO 20345
La chaussure de sécurité doit posséder un embout de protection des orteils résistant au choc pour une énergie de 200 joules. Il ne faut pas la mélanger ou la confondre avec :
- La chaussure de travail (norme EN ISO 20347) qui ne possède pas d’embout de protection
- La chaussure de protection (norme EN ISO 20346) qui possède un embout mais résistant à 100 joules.
Quelles sont les différentes parties qui composent une chaussure de sécurité ?

Quelles sont les normes en vigueur ?
Qui dit EPI, dit normes européennes. La norme en vigueur concernant les chaussures de sécurité est la EN ISO 20345 :2011. Elle a été révisée en 2022 par la nouvelle norme EN ISO 20345 :2022. Concrètement cela veut dire que pendant encore plusieurs années, les deux normes sont autorisées et que l’on peut retrouver des modèles ayant l’une ou l’autre des normes.
Est-on moins bien protégé avec l’ancienne norme ? en général non. La refonte d’une norme vient en général préciser certains points ou exigences (comme le risque à la perforation aux pointes fines que nous verrons ci-après) ou rendre obligatoire certaines exigences que la plupart des modèles avaient déjà.
Que ce soit l’une ou l’autre, elle se compose de la même manière :
1. Des exigences fondamentales de base (SB) :
Obligatoires quel que soit le modèle. Sur la norme 2011, il s’agissait uniquement d’avoir un embout de protection résistant à un choc de 200 joules et un écrasement de 15 000 Newton.
La norme 2022 a rajouté :
- Des exigences en matière d’ergonomie et de confort de la chaussure.
- Une résistance, innocuité et performance des matériaux utilisés.
- Une protection contre les glissements.
Même si elles ne font pas parties des exigences fondamentales, dans la pratique, toutes les chaussures de sécurité disposent également d’un arrière fermé.

2. Des exigences additionnelles :
En complément des exigences fondamentales, il existe de nombreuses exigences additionnelles qui viennent compléter celles-ci pour s’adapter aux différents besoins, situations et niveaux de protection.
Code | Description |
---|---|
A (Antistatic) ou ESD | Les chaussures A ou ESD sont antistatiques, ce qui signifie qu'elles dissipent les charges électrostatiques accumulées, évitant ainsi les risques de décharges électriques dans des environnements sensibles. |
AN (Malleolar protection) | Il s’agit d’une protection renforcée au niveau des malléoles. |
CI (Cold Insulation) | Les chaussures CI offrent une isolation contre le froid, adaptées aux environnements froids ou extérieurs. |
CR (Cut Resistance) | Les chaussures CR ont une résistance améliorée de la tige à la coupure. |
E (Energy Absorption in the Heel) | Les chaussures avec l’indication E absorbent les chocs au niveau du talon, améliorant le confort et réduisant la fatigue lors des longues périodes debout. |
FO (Fuel Oil Resistance) | Les chaussures FO ont une semelle résistante aux hydrocarbures, adaptées aux environnements où des carburants ou des huiles sont présents. |
HI (Heat Insulation) | Les chaussures HI protègent le pied contre des températures élevées au niveau de la semelle. |
HRO (Heat Resistant Outsole) | Les chaussures HRO ont une semelle extérieure résistante à la chaleur, jusqu’à 300°C pendant une minute. |
LG (nouveauté 2022) | Norme pour utilisation spécifique avec échelles, talon décroché et système de grip. |
M (Protection of the metatarsals) | Protection au niveau des métatarses en cas de chute d’objet. |
P (Puncture Resistance) | Norme pour semelle anti-perforation en métal, essentielle pour des environnements avec des risques de clous ou de métal. |
PL ou PS (nouveauté 2022) | Résistance à la perforation avec plaque composite (PL pour pointe large, PS pour pointe fine). |
SC (nouveauté 2022) | Norme de résistance à l’abrasion des pare-pierres à l’avant de certaines chaussures. |
SR (nouveauté 2022) | Résistance aux glissements, idéale pour les sols céramiques et sols avec huiles. |
WR (Water Resistant) | Protection optimale contre la pénétration de l’eau dans des environnements humides. |
WPA (Water Resistant Upper, nouveauté 2022) | Tige résistante à l’eau, protégeant la partie supérieure du pied contre les éclaboussures. |

3. Les marquages normatifs :
Comme vous le constater, les exigences peuvent être parfois compliquées à comprendre. Pour faciliter la compréhension, des marquages normatifs ont été mis en place. Il regroupe certaines exigences et sont devenus les standards du marché :
S1 = SB + A + E + arrière fermée
S1P ou S1PL (nouveauté 2022) ou S1PS (nouveauté 2022) = S1 + P OU PL ou PS
S2 = S1 + WPA
S3 ou S3L ou S3S = S2 + P ou PL ou PS + semelle de marche à crampons
S6 = S2 + WR
S7 ou S7L ou S7S = S3 ou S3L ou S3S + WR

Quel marquage normatif pour quelle utilisation ?
S1 ou S2 sont destinées en général aux milieux de l’agroalimentaire, de la restauration, de la santé, du nettoyage, des salles blanches, etc… Il s’agit en général de chaussures basses, sans lacets pour pouvoir être nettoyer facilement, en général de couleur blanche comme notre modèle « Okenite »
S1P ou S1PL ou S1PS sont destinées à une utilisation en milieu sec. En effet, ces marquages ne possèdent pas les normes additionnelles WR ou WPA pour la résistance à l’eau. Il peut s’agir des métiers de l’industrie, du bâtiment (en intérieur), de la logistique, etc.. On y retrouve des chaussures qui peuvent être basses ou hautes, avec la tige en cuir ou velours ou maille et ne possèdent pas de crampons marquées au niveau de la semelle de marche ni de talons décrochés. La plupart des chaussures sur le marché sont désormais au look « basket » car on recherche des chaussures légères, flexibles (pour se baisser facilement) et confortables (quand on marche beaucoup) comme notre modèle Galaxite.
S3 ou S3L ou S3S sont destinées à une utilisation en extérieur car elles possèdent à minima l’exigence WPA pour la résistance à l’eau de la tige entière et ont des semelle de marche à crampons. Ces chaussures, même si certains modèles existent en version basse, sont en général des chaussures hautes ou des bottes, en cuir, destinées aux métiers de la construction, des travaux publics, des espaces verts, etc…On cherche alors une chaussure résistante et confortable comme notre modèle « Topaz » ou des bottes fourrées résistante au froid comme notre modèle « Piemontite ».
Le cas des chaussures multi-usage ?
La différence entre les chaussures S1P (intérieur) ou S3 (extérieur) a toujours été assez marquée : les chaussures pour l’extérieur sont en général plus lourdes, moins flexibles mais sont moins glissantes sur certains sols grâce aux crampons, leur tige est en générale plus résistante et elles disposent souvent d’un talon décroché.
De plus en en plus de modèles disponibles sur le marché sont dit multi-usage. Cela ne change en rien les exigences et marquages dont ils disposent cependant les modèles sont « améliorés » pour se rapprocher des qualités recherchées par l’autre type de chaussures à savoir :
Les S1P multi-usage peuvent avoir une semelle de marche avec un peu plus de crampons et un talon légèrement décroché. C’est le cas de notre modèle « Spinelle » par exemple :
À contrario, on retrouve des modèles S3 multi-usage sur lesquels la légèreté et la flexibilité ont été recherchée tout comme le design. Nos modèles « Shungite » ou « Aluni » en sont les bons exemples :
La même chaussure pour tous vos salariés ?
La forme du pied est différente d’une personne à une autre. Il est donc parfois indispensable de proposer plusieurs modèles et de procéder à des tests. Avec nous, vous pouvez commander des chaussures en petit volume (1 paire).
Les missions et taches sont différentes. Il faut donc adapter les chaussures au besoin du poste et donc en fonction des entreprises, il est donc nécessaire d’avoir plusieurs modèles avec plusieurs exigences.
Quelle durée de vie pour une chaussure ?
Il est difficile de déterminer l’usure d’une chaussure (sauf état de dégradation visuellement apparent). Par défaut, il est préférable de remplacer les chaussures tous les ans.
Au bout de 6 mois, notre conseil est de remplacer la semelle de propreté intérieur afin de conserver tant l’hygiène (odeur, saleté) que le confort. Vous pouvez retrouver notre semelle redécoupable ici :
Avertissement : en cas de choc important, même s’il n’est pas visible sur la chaussure, il est impératif de remplacer la chaussure. Car comme pour les casques de moto, une micro-fissure ou une déformation de la coque pourraient avoir de graves conséquences lors d’un autre choc.
Basse ou haute ?
Les chaussures hautes ont vocation à protéger les torsions et les coups au niveau des chevilles. C’est donc un élément à prendre en compte et même si en général, les salariés vont privilégier les chaussures basses.
Le look ?
Le look est important même s’il n’est pas indispensable. Pour avoir l’adhésion de vos salariés sur un changement de chaussures, il est important de les intégrer au processus de décision notamment pour des publics jeunes. En outre le look ne veut pas dire que le produit est adapté.
Dois-je laisser mes salariés se débrouiller avec les chaussures en les laissant choisir et en leur remboursant ?
Comme vu ci-dessus, intégrer les salariés au choix est une bonne idée donc on peut se dire que les laisser choisir chacun leurs chaussures est une bonne idée !
Et bien non pour plusieurs raisons :
- il est difficile d’avoir du stock d’avance si on n’a que des modèles différents
- les chaussures n’auront pas forcément les normes ou exigences requises pour la tâche à accomplir
- il est plus facile de repérer si quelqu’un n’a pas ses chaussures de sécurité si on a moins de modèles dans l’entreprise
- Un salarié qui prend des chaussures car il les trouve « sympa » n’osera plus contester son choix même si elles ne sont pas confortables ou pratiques pour exercer son activité. Vous pouvez même vous mettre en défaut par rapport à l’obligation de protection du salarié.
La meilleure manière de procéder est de faire une sélection adaptée et de proposer un choix parmi des modèles qui vous assurent que la protection sera respectée.
Pourquoi prendre le risque de changer de modèle de chaussures de sécurité ?
Les matières évoluent, aujourd’hui on peut trouver des modèles plus légers, plus confortables, etc… Il faut essayer pour s’en rendre compte.
Mes salariés ne portent pas toujours leurs chaussures de sécurité, comment faire ?
Principalement dans les très petites entreprises et avec des employés présents depuis longtemps, il est parfois difficile d’imposer le port des chaussures de sécurité (même si cela est obligatoire et qu’ils encourent des sanctions disciplinaires).
La première question à se poser est alors pourquoi ? en théorie le salarié souhaite rentrer chez lui en bonne santé. Il faut alors se demander pourquoi il ne porte pas ses équipements de protection. Peut-être que ceux en sa possession ne sont pas adaptés, pas pratiques, pas confortables, etc… Le questionnement du salarié est alors la meilleure chose à faire.
Quels critères pour choisir mes chaussures ?
- Intérieur ou extérieur
- Normes ou exigences requises
- Spécificité du métier (monter aux échelles par exemple)
- Légèreté (je marche beaucoup)
- Flexibilité (je marche beaucoup ou je me baisse souvent)
- Confort
- Budget alloué
- Haute ou basse (protection ou torsion cheville)
- Femme ou Homme
- Résistance souhaitée ou durée de vie
- Look
Comme vous l’avez constaté, choisir une chaussure de sécurité n’est pas quelque chose d’anodin. Nos équipes chez Inapa sont là pour vous accompagner dans le processus de recherche d’un modèle adapté à vos besoins.